Des  images qui se transforment, le sujet du portrait toujours d’actualité en peinture.Un portrait du modèle informatique, un visage personnalisé par un modèle numérique, incarnation d’un corps qui surgit d’un programme de modélisation. Nous sommes là prés d’un accouchement extra-utérin.Le corps en l’occurrence le visage prend vie hors d’une observation de vie, il s’agit d’une observation d’un modèle 3D numérique à l’écran.L’acte de peindre s’en trouve modifié, la peinture rend vie à la "non vie". Un homme d’affaire qui n’est autre qu’une image d’un maillage, une série de chiffres de coordonnées dans l’espace d’un programme de déformation.Le peintre Emmanuel Corréia, ne subit pas l’ordinateur, il s’en échappe, il dompte la machine pour mieux l’apprivoiser.Une série de portrait nous apprend donc qu’Emmanuel Corréia traverse l’histoire de la peinture.« Portait sujet » sujet du peintre et sujet de notre temps.Là, je lis la souffrance de ce corps piègé dans son cadre. L’identité s’échappe se désincarne comme chez Francis Bacon. La carne, la chaire d’un visage, une chaire qui s’incarne pour nous annoncer que dans cette série de visages difformes, il y a moyen de croire en une vie…Une identité retrouvée dans l’atelier du peintre.Un choix volontaire de support issu de notre consommation journalière ( des packs de lait UHT coupé en rectangles utilisé du coté argenté) – Ton local d’une icône contemporaine surpris par la touche fine de l’huile. La peinture bleutée donne une monochromie dramatique possible, une touche à la Monory. La peinture soft d’une situation de vie, nous dissimule quelque que chose, il y a suspens …Mémoire d’une peinture techno ou la série affirme là les limites d’un processus.Ces visages sont-ils déjà des mutations d’hommes nanométriques avec des performances décuplées ?Emmanuel Corréia nous montre donc bien que le sujet du "portrait" mérite d’être revisité afin d’accompagner un nouveau regard.De sa formation du jeu vidéo EC arrive en peinture pour chercher des passages inattendus…La recherche ces personnages inconnus pour peut-être se retrouver au milieu d’une foule, qui lui serait familière, afin de créer une société  plus proche de son imaginaire. Personnage silencieux qui se retrouvent dans une même lumière, la palette du peintre volontairement réduite d’un bleu iso chrome.Emmanuel Corréia est un vrai chercheur avec ses règles strictes.

Paris, le 10 juin 2005
Jean-michel Corréia